
L'avenir des antibiotiques
La France détient, en Europe, le record du taux de résistance aux antibiotiques. C'est un pays développé dont les soins sont remboursés en grande partie par la sécurité sociale. Ainsi l'accès aux soins est simple et destiné à tous les citoyens. En 2013, en France, 97,6 millions de boites d'antibiotiques ont été remboursées par l'assurance maladie soit 0,2 % de plus qu'en 2012.
Les antibiotiques sont vus comme des remèdes miracles. Les patients les utilisent donc sans réfléchir aux conséquences en espérant guérir plus vite, ce qui crée une augmentation des bactéries résistantes contre lesquelles la lutte est difficile. La conséquence est de ne plus pouvoir traiter des situations graves.
La France consomme 30% d'antibiotiques de plus que la moyenne européenne, et presque 3 fois plus que les Pays-Bas, la Suède ou la Norvège. Ces 3 pays en plus de l'Allemagne, les utilisent avec plus de prudence. On remarque alors qu'au Nord de l'Europe, la consommation est moins élevée qu'au Sud. Cette surconsommation représente une dépense supplémentaire dont la moyenne européenne est 71 milliard d'euros.

Evolution des consommations d'antibiotiques des différents pays européens entre 2000 et 2010 (en DDJ = Doses Définies Journalières pour 1000 habitants et par jour). Source : ansm.fr
Entre 2000 et 2010, la consommation a diminué de 10,7% grâce aux campagnes de sensibilisation. En revanche depuis 2010, la France connaît une augmentation de 5,9%.
En 2013, 28,3 % des patients français ont été traités par antibiotiques et entre 30 et 50 % des antibiotiques sont prescrits inutilement en France.
La France dispose d'excellents réseaux de surveillance de la consommation d'antibiotique et de la résistance bactérienne. L'antibiorésistance est un phénomène global qui s’accélère depuis les années 2000.
Consommation d'antibiotiques en France entre 2000 et 2013. Source : Rapport de l'ansm

En ville, la France reste le plus gros consommateur d'antibiotiques.
En hôpital, l'exposition aux antibiotiques est certes plus importante (elle correspond à 4 patients sur 10) mais cela est dû au fait que ce ne sont pas les mêmes patients avec donc des besoins différents.
Actuellement, les établissements de santé ,comme par exemple le CHU de Rennes, suivent régulièrement les types de bactéries présentes dans leurs services et leurs résistances, ainsi que leur consommation des antibiotiques. Lors d'une réunion ils font le point sur ces résultats, pour savoir quelle bactérie devient résistante à quel antibiotique, analyser leurs pratiques de prescription. Ces réunions se font dans le cadre d'un groupe de travail appelé commission antibiothérapie.